martes, enero 16, 2007

MC Solaar - Mach 6



MC Solaar, un beat, une voix, des cordes. C'est le nouveau leitmotiv de Claude M'Barali, et ça a d'ailleurs failli être le titre de ce nouveau disque. Mais De-clau préférait montrer qu'il savait compter. Après "Cinquième As", "Mach 6", donc.
Réalisé par le duo de Black Rose Corporation (Eric K-Roz et Alain J), qui avait déjà participé au précédent, "Mach 6" propose des instrumentaux aux ambiances diverses qui collent toujours au plus près avec le discours déversé par Laar-so. On remarque une plus grande cohérence également. Et si l'on regrettait l'absence de Boom Bass et Zdar (à présent Cassius) sur "Cinquième As", on commence à apprécier le nouveau son de Solaar. Et puis, à part sur quelques titres, on a la chance de ne pas trop avoir à faire avec le nouvel arrangement vocal qui était apparu, et que l'on retrouve sur "La vie est belle", premier semi-single (diffusé en radio mais non commercialisé).
Les paroles jouent la carte du faux optimisme ("La vie est belle", "Jardin d'Eden", "T'inquiète", "Today is a good day"), qui se démasque parfois pour laisser entrevoir directement la réalité des choses, sans second degré ("Sauvez le monde", "Ca me hante"). Mais MC Solaar reste fidèle à lui-même, aborde des sujets qu'il partage avec ses alter ego du rap de façon plus posée, moins énervée. C'est grâce à cette caractéristique et à des titres enjoués qu'il s'est offert une audience plus large. C'est aussi à cause de cela qu'une bonne tranche de la scène française du hip-hop l'a injustement mis en marge, oubliant un peu vite que le côté festif est à la base du mouvement hip-hop (sans doute parce que le "double A" est le seul à avoir emprunté cette tendance en France de manière aussi ostensible). Apparemment à tort, car son détachement du rap hardcore lui permet par la même d'aérer le mouvement rap, à l'instar de Doc Gynéco, autre personnage qui assume complètement sa liaison avec la variété. Et puis, le rap serait-il aussi populaire en France sans MC Solaar ? Tous ceux qui le critiquent auraient-ils eu l'opportunité de sortir à leur tour un disque de rap s'il n'avait été là pour ouvrir la voie ? Le rap aurait-il gagné une reconnaissance artistique sans lui ? Car oui, s'il y a quelque chose qui n'a pas non plus quitté Claude M'Barali, c'est bien l'amour du mot, l'amour du verbe, cet amour qui a fait qu'on s'est attardé davantage aux textes du rap. Des textes ornés d'un vocabulaire plus développé que la plupart de ceux qu'on entend ailleurs, et un flow articulé qui met en exergue les sonorités de ses lyrics. Un flow qui sert aussi parfois d'exercice de style, comme sur "Bling bling", qui pousse haut le débit et qui ferait pâlir plus d'un rappeur !
Il y a une ombre au tableau toutefois, avec cette version gauche caviar de "La vie est belle", balancée sur les réseaux peer-to-peer en pied de nez à tous les téléchargeurs. Extrait : "Pire que le peer-to-peer de l'ex-Napster. Ils ont ramé, galéré, joué dans des bars. Quand leur CD est sorti, je l'ai piraté un soir. A ses concerts, tout le public chante, mais selon les sondages elle a fait 400 ventes. Elle s'en vante mais, on peut pas payer le loyer. Pirates par milliers, les factures nous ont noyés". Une part de vérité, certes, mais un discours un peu simpliste qui déçoit, et qui donne simplement à penser qu'il a été recraché à la demande de la maison de disques qui l'héberge. MC Solaar aurait-il oublié ses premières années ? Dommage qu'il ne mentionne pas d'autres hypothèses comme la pauvreté de ce que nous donnent à écouter en grande quantité ces mêmes majors...

Bertrand Niquel
mercredi 14 janvier 2004

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